Mot de l’éditeur

7 juin 2018

La victoire …en dépit des apparences.

Nous voici encore à l’aube de la saison des vacances pour nos professeurs et du renouveau pour nos résidents et étudiants. Je profite toujours de cette partie de l’année pour mettre en perspective les tâches auxquelles j’ai participé au cours de cette dernière.

J’ai récemment lu un excellent ouvrage de l’auteur Malcolm Gladwell, intitulé David et Goliath. Little, Brown and Company,. New York 2015. Je recommande vivement ce best-seller du New York Times comme lecture estivale.

Il s’agit d’un essai qui se concentre sur les réalisations et victoires improbables de personnages hors norme qui réussissent en dépit de l’absence des caractéristiques innées du vainqueur.

Le premier chapitre est ainsi consacré à la célèbre bataille opposant Goliath, un géant Philistin de plus de 2m à un frêle berger Israélite adolescent. A cette époque les rois sélectionnaient souvent leur plus fier combattant et l’opposait au plus vigoureux guerrier du clan opposé. Cette approche permettait de minimiser les pertes humaines et matérielles et assurait une victoire au camps vainqueur. Le problème de Saul roi des Israélites, résidait dans la frayeur que causait l’apparence de Goliath, un monstre de muscle protégé d’une armure de bronze armé d’une massue, d’une lance et accompagné d’un page qui portait une partie de son attirail. Aucun guerrier de son clan ne s’était porté volontaire sauf un téméraire ou inconscient adolescent armé d’une seule fronde et d’un sac remplie de 3 cailloux comme armement. On connaît tous le résultat : une victoire « inattendue » du jeune David qui avait anéanti le géant avec un solide lancé d’une pierre directement sur la tempe le seul point vulnérable de son armure.

L’auteur effectue une surprenante analyse militaire de la situation. A cette époque les armées se constituaient de trois groupes respectifs:  l’infanterie, la cavalerie et l’artillerie (archers et lance pierre).

Les règles qui régissaient ses trois groupes ressemblent à celle du jeu : roche-ciseau-papier-allumette. L’infanterie est toujours vainqueur contre la cavalerie car avec les lances et massue les soldats peuvent engluer les chevaux et causer des chutes aux cavaliers. La cavalerie gagne toujours contre l’artillerie en raison de sa rapidité qui rend difficile de toucher précisément la cible. Et l’artillerie domine toujours l’infanterie en raison de sa précision et de sa rapidité.

Ainsi David n’était n’y plus ni moins qu’un membre de l’artillerie contre un membre de l’infanterie. Par conséquent, victoire assurée en dépit des apparences. L’équivalent d’un cowboy armé d’un révolver face à un fermier armé d’une fourche. En effet, l’auteur décortique les caractéristiques balistiques du lance pierre qui peut générer des vitesses vertigineuses et une précision millimétrique des projectiles dirigés vers une cible. Il suppose aussi, que Goliath puisse être acromégalie et probablement doté d’une mauvaise vision par compression hypophysaire du chiasma optique, contribuant ainsi à sa difficulté à se mouvoir avec fluidité aussi alourdi par son armure imposante. On comprend donc la justification du page et de l’invitation de géant à David de venir le rejoindre plutôt que de littéralement foncer vers lui.

Nous tous sommes confrontés à des défis et réalisations à accomplir. On peut parfois, à l’amorce d’une nouvelle tâche importante, se demander si nous avons les qualités nécessaires pour la réaliser. En chirurgie, les règles qui régissent notre action sont aussi très bien définies. Le chirurgien doit se concentrer sur le processus en gardant aussi l’objectif final comme cible. En décortiquant méthodiquement les étapes d’une tâche clinique, technique, ou académique on se place dans une position de gagnant à coût sur. C’est dans cette optique que l’on surprend notre entourage qui nous voit alors surgir en guerrier victorieux.

Bon succès à tous nos résidents qui amorcent une carrière chirurgicale et bonne vacances à tous nos professeurs.

 

 

Michel Pellerin

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