« À partir du moment où vous avez un micro caméra installé dans votre cœur et vous vous trouvez comme si vous étiez vous-même à l’intérieur d’une caverne dans votre cœur, vous voyez des choses que vous ne voyez pas d’habitude. Ce système permettra aux chirurgiens de rendre plus aisé ce qui est difficile et possible ce qui ne l’est pas », mentionnait le professeur Alain Carpentier à la suite de la première chirurgie cardiaque valvulaire mitrale effectuée le 5 mai 1998 à l’Hôpital Broussais de Paris.
Les avantages de la chirurgie robotique sont incontestables. Cette chirurgie permet une récupération très rapide pour le patient avec une convalescence de quelques semaines comparativement à quelques mois pour l’approche classique par stéréotomie médiane. Le bénéfice cosmétique et la diminution de douleur postopératoire sont aussi très convaincants. La plus grande incision thoracique est de 2,5 cm. On constate une diminution très importante des pertes sanguines par opération, celles-ci sont de 50 à 100ml. Le séjour hospitalier est diminué de 48 heures avec un congé donné au troisième jour postopératoire.
Le développement de la chirurgie cardiaque robotique a connu des hauts et des bas au fil des ans. L’élément le plus important dans la mise en place d’un programme est de mobiliser une équipe multidisciplinaire dédiée. Les programmes couronnés de succès en Amérique du Nord ont mis en place des équipes de chirurgiens, d’anesthésistes, de perfusionnistes, d’infirmières et d’inhalothérapeutes spécifiquement formés.
Je rapporte aujourd’hui la séquence du développement de la chirurgie de reconstruction valvulaire mitrale de l’Institut de cardiologie de Montréal qui a mené à la mise en place de notre programme actuel.
Programme de reconstruction valvulaire systématique
En 1995 nous avons développé un système de reconstruction valvulaire mitrale fondé sur les techniques développées par Alain Carpentier. Ces techniques permettent de conserver les valves naturelles. Ainsi, elles éliminent les complications thromboemboliques et hémorragiques reliées aux anticoagulants oraux. Notre programme est le plus actif au pays avec plus de 2 500 chirurgies réalisées. Le taux de mortalité est de 0,4 % et l’évolution à long terme des interventions est excellente avec une réintervention de moins de 0,5 % patient/année.
Programme de chirurgie minimalement invasive
En 2004 fut l’inauguration de la Chaire Michal et Renata Hornstein d’excellence en chirurgie cardiaque. Cette chaire a permis une grande évolution de notre programme de reconstruction valvulaire en favorisant une approche chirurgicale par mini thoracotomie droite en vision endoscopique et, de même, que le développement de la recherche clinique en ce domaine appuyant le travail de nos étudiants gradués et fellows.
En maintenant les mêmes standards de qualité que notre programme conventionnel par stéréotomie, nous avons créé un programme unique au pays.
Notre croissance au cours des 10 dernières années est excellente, ce qui nous a permis d’établir notre rôle de leader national en la matière avec plus de 700 chirurgies réalisées en 2016.
Ainsi, pour nous la transition à la chirurgie robotique ne représentait qu’une dernière étape à franchir pour réaliser des chirurgies tridimensionnelles totalement endoscopiques.
Programme de chirurgie valvulaire mitrale robotique
Nous avons fait l’acquisition d’un système robotique Da Vinci Xi en avril 2017 grâce au précieux apport de donateurs privés, de notre fondation et de la participation financière de notre groupe de chirurgiens. Nous avons constitué une équipe dédiée et avons entrepris une formation théorique extensive accompagnée de 100 heures en simulateur. Deux centres internationaux, Langone Medical Center de NYU et Cleveland Clinic furent aussi visités.
La chirurgie robotique offre un confort et une dextérité inégalés pour réaliser des gestes d’une très grande précision. Nous avons réalisé jusqu’à maintenant 25 chirurgies de reconstruction valvulaire mitrale et nos résultats sont excellents avec un taux de réparation de 100 %. Le système est aussi utilisé pour la chirurgie coronaire qui fera l’objet d’un article futur dans le Fil chirurgical.
Michel Pellerin MD
Denis Bouchard MD PhD
Philippe Demers MD MSc