La chirurgie robotique ORL

28 novembre 2017

L’incidence des cancers de l’oropharynx (amygdales palatines et linguales) est en croissance rapide, notamment à cause de l’augmentation de l’incidence d’infections de l’oropharynx par le virus du papillome humain (VPH). Les patients atteints de cancers ORL lié au VPH sont de plus en plus jeunes, ont un meilleur pronostic et par conséquent une espérance de vie prolongée après leur traitement. Au delà de leur survie, ces patient devront vivre avec les séquelles fonctionnelles de leur maladie et du traitement pendant des décennies. L’optimisation de la qualité de vie (QDV) post traitement est donc d’une importance capitale dans le domaine de l’oncologie ORL. La plupart des patients atteints de cancers de l’oropharynx sont traités par radiothérapie avec ou sans chimiothérapie selon le stade. Ces traitements sont efficaces oncologiquement mais peuvent résulter en de multiples toxicités aigues ou tardives pour les patients incluant la dysphagie, mucosite, xérostomie, fibrose, ostéoradionécrose, neutropénie, neurotoxicité, néphrotixicité et ototoxicité. Ceci a suscité un intérêt dans la dernière décennie pour des techniques minimalement invasives permettant d’offrir une alternative à cette population de patients de plus en plus jeunes.

La chirurgie robotique transorale (TORS) approuvée par le FDA en 2009 consiste à utiliser le robot chirurgical pour traiter des cancers situés profondément dans le pharynx, le larynx ou l’hypopharynx. À l’aide d’un ouvre-bouche spécialisé permettant de créer un accès large transoral, le chirurgien peut dorénavant opérer sur la console chirurgicale avec l’endoscope 3D et 2 bras robotiques placés dans la bouche du patient. Avec les deux bras robotisés articulés, le chirurgien peux effectuer des résections complexes et précises de structures profondes de la gorge, offrant ainsi au patient un contrôle oncologique avec des séquelles fonctionnelles minimes. Un second chirurgien assiste à la tête du patient pour améliorer l’exposition et pratiquer l’hémostase si nécessaire.

L’équipe d’oncologie ORL du CHUM pratique les chirurgies TORS depuis 2 ans et ont effectué plus de 50 interventions avec des résultats oncologiques et fonctionnels très bénéfiques pour les patients.

Exérèse d’une tumeur de l’amygdale par chirurgie TORS

En bref, la TORS permet :

  1. D’identifier certaine tumeurs primaires de l’oropharynx ce qui éviterait une radiothérapie à large champ et limiterait significativement la morbidité fonctionnelle à ces patients
  2. De traiter certaines tumeurs de l’oropharynx et du larynx sans reconstruction complexe. La moitié de ces patients pourraient éviter un traitement de radiothérapie prolongé, coûteux et pouvant résulter en de multiples séquelles post-radiques à long terme.
  3. D’opérer certains cas de tumeurs en évitant la chirurgie ouverte classique nécessitant de longues heures de chirurgie qui inclut une mandibulotomie, division de la lèvre, pharyngotomie, reconstruction par lambeau libre, trachéostomie, hospitalisation de plus de 2 semaines et déficit fonctionnel significatif.

 

Dr Apostolos Christopoulos

Chirurgien oncologue robotique au CHUM

Professeur agrégé de clinique