Mot de l’éditeur – Fil octobre 2017

10 octobre 2017

Simulation vs Réalité

La rentrée académique est étroitement associée à la semaine des techniques chirurgicales. Cette activité majeure mobilise tous les résidents de première année des différents programmes de formation du département. Cette semaine mobilise aussi de grandes ressources professorales. Depuis son introduction, elle est très appréciée des résidents.

L’enseignement par la simulation devient une partie très importante de l’apprentissage technique en chirurgie. Notre département l’encourage au sein de chacune de ses divisions. La simulation chirurgicale permet l’acquisition et la maîtrise d’habiletés chirurgicales réalisées dans un environnement contrôlé et sécuritaire. Elle complète et enrichit l’apprentissage clinique acquis en salle d’opération. Une étude récente de Mouriani et al., publiée dans le Journal of Thoracic and Cardiovascular Surgery du 24 août 2017 a démontré que l’introduction d’un programme de simulation systématique améliore la confiance des résidents participants. Cette majoration de confiance personnelle induit, par ailleurs, une plus grande motivation à l’étude et un sentiment d’accomplissement chez nos résidents. Les gestes chirurgicaux pratiqués chez les patients sont aussi effectués avec moins d’anxiété.

Une des problématiques reliées à la simulation consiste à mettre en place des modèles qui reflètent la réalité clinique. Des modèles sur gros animaux vivants représentent d’excellents exemples réalistes. Une fois badigeonnés et drapés, ces modèles correspondent à la pratique chirurgicale humaine. Les coûts demeurent toutefois élevés, mais des partenariats judicieux avec l’industrie aident à financer ces séances.

Des modèles synthétiques peuvent aussi être conçus. Par exemple, nous avons développé en chirurgie cardiaque deux principaux modèles. Le cœur de porc ex-vivo permet de réaliser toutes les chirurgie valvulaires et coronariennes. Ce modèle permet aussi de réviser l’anatomie des structures intracardiaques.

Nous avons aussi conçu un modèle « ex vivo » de chirurgie mitrale minimalement invasive (fig 1). Celui-ci est constitué d’une plaque de plexiglas dans laquelle une incision ovoīde de 5 cm réplique une mini-thoracotomie. On peut aussi ajuster la profondeur afin de répliquer les dimensions thoraciques réalistes et moduler la complexité des interventions. Une valve mitrale, fabriquée de polyuréthane, est placée sur un socle articulé. Les résidents peuvent utiliser des instruments chirurgicaux réels et pratiquer les techniques que nous réalisons quotidiennement chez nos patients.

Fig 1. Modèle de chirurgie mitrale minimalement invasive

 

J’ai eu le privilège de diriger le 29 septembre notre dernier « wet lab » au programme de chirurgie cardiaque. Il est gratifiant, en tant que professeur, de participer à ces laboratoires. Le degré d’interaction avec les résidents et fellows est remarquable. Le travail d’équipe entre les résidents est magnifique à observer. Le professeur agit comme observateur attentif. Il peut donner une rétroaction immédiate et constater des résultats tangibles. Mais, le plus intéressant de ces séances, est d’apprécier le niveau de concentration des participants et leur endurance à travailler méthodiquement. Les gestes qu’ils répéteront dans un silence quasi monastique sont magnifiques à observer. Notre dernière séance durait plus de trois heures ininterrompues et personnes n’a manifesté une baisse d’attention en cours de route.

 

Fig. 2. Dr Ismail Bouhout, résident IV de programme de chirurgie cardiaque, à l’action lors du dernier wet-lab.

J’en profite donc, en terminant, pour remercier tous les professeurs du Département qui participent à notre semaine de techniques chirurgicales. Leur implication et leur ingéniosité à la création de modèles réalistes procurent un renouveau constant en enseignement clinique. Cette activité charnière représente pour nos résidents I une occasion exceptionnelle d’intégrer des notions et gestes qui les influenceront pour toute leur résidence et leur future carrière clinique.

 

 

Michel Pellerin MD

Éditeur

Directeur des communications