Le cœur mécanique et l’assistance ventriculaire

3 octobre 2017

HISTOIRE DU DÉVELOPPEMENT À L’INSTITUT DE CARDIOLOGIE DE MONTRÉAL ET À L’UNIVERSITÉ DE MONTRÉAL

Michel Carrier, Yves Hébert et Anique Ducharme

La chirurgie cardiaque est une jeune discipline dont le début réel ne remonte qu’à une cinquantaine d’années. Depuis ce temps, les chirurgiens et les cardiologues ont rêvé à l’application d’un appareil capable de remplacer la principale fonction du cœur, soit d’assurer la circulation sanguine systémique.

Il faut remonter à 1982, pour finalement voir un premier patient survivre à l’implantation d’un cœur artificiel total, soit le Jarvik 7. Barney Clark survivra 112 jours après l’opération faite par le Dr William DeVries (figure 1). En 1985, Mike Drummond devient la première personne à subir d’abord l’implantation d’un cœur artificiel Jarvik 7, suivi par une transplantation cardiaque à l’Université d’Arizona par le Dr Jack Copeland (figure 2).

Moins de deux ans plus tard, en 1987, un premier patient est soumis à l’implantation d’un cœur artificiel total de type Jarvik 7 à l’institut de Cardiologie de Montréal et à l’Université de Montréal. Il ne survivra que quelques jours.  L’implantation est réalisée par une équipe qui avait réalisé un stage de formation à l’université de Utah. Quelques mois plus tard, en 1988 un deuxième patient subit l’implantation du Jarvik 7 et il survivra à la transplantation cardiaque qui surviendra après quelques jours de support.

Ce n’est qu’en 1996, que le Jarvik 7, maintenant appelé le Cardiowest (figure 3) de la compagnie Syncardia sera à nouveau utilisé comme pont à la transplantation chez des patients dont l’état clinique est tel qu’ils ne peuvent pas survivre à l’attente d’un donneur d’organe pour la transplantation. Au fil des années, plus de 22 patients subiront l’implantation du cœur artificiel total à l’Institut de Cardiologie de Montréal dont la majorité (plus de 80%) deviendront en mesure de subir une transplantation cardiaque.

Plusieurs types d’appareils d’assistance ventriculaire gauche seront aussi utilisés au cours des années chez 36 personnes en attente de transplantation. Nous sommes en mesure d’utiliser un appareil d’assistance ventriculaire gauche plus performant appelé Heartmate 11 que depuis 2009 (figure 4). Il s’agit d’une pompe à flot axial, électrique dont l’usage peut être comme pont à la transplantation ou comme appareil de support permanent. Plus de 45 personnes ont bénéficié de l’implantation de cet appareil, soit comme solution d’attente à la greffe ou, comme appareil permanent permettant un retour à la maison.

Le cœur artificiel, soit total ou sous la forme d’une assistance ventriculaire gauche est maintenant une réalité clinique quotidienne pour tous ceux impliqués dans le traitement des personnes atteintes d’insuffisance cardiaque sévère et terminale. Devant une pénurie d’organes disponibles pour la transplantation, le cœur artificiel s’avère une solution adéquate permettant non seulement de sauver la vie mais aussi d’améliorer grandement la qualité de la vie.

L’avenir du développement technologique du cœur artificiel et de l’assistance ventriculaire est assuré. Des appareils totalement implantables et plus performants permettront de venir en aide à un groupe de personnes toujours grandissant (figure 5).

 

Figure 1 Dr William DeVries et son patient Barney Clark en 1982

Figure 2 Dr Jack Copeland et son patient Mike Drummond 1985

Figure 3 Le cœur artificiel total de type Cardiowest (anciennement appelé Jarvik 7)

Figure 4 Le système d’assistance ventriculaire gauche HeartMate 11

Figure 5 Dr Anique Ducharme, Dr Jarvik et De Michel Carrier en 2017, discussion sur l’avenir de l’assistance ventriculaire