Dr Pascal A. Vendittoli, au nom du département universitaire de chirurgie nous aimerions vous féliciter pour l’obtention de la bourse FRSQ, catégorie sénior.
Quel est le titre de votre projet pour lequel vous avez obtenu cette bourse : Je travaille présentement sur l’optimisation de la prise en charge et du traitement des sujets atteints de dégénérescence articulaire du genou et de la hanche.
Dr Vendittoli, pourquoi étudier la dégénérescence articulaire du genou et de la hanche : Les problèmes musculosquelettiques sont la cause la plus fréquente de douleurs chroniques et d’invalidité et affectent des centaines de millions d’individus à travers le monde. La dégénérescence articulaire est la pathologie musculosquelettique dégénérative la plus fréquente et touché 1 Canadien sur 8 (13%); la hanche et le genou étant les articulations les plus atteintes. Le traitement conservateur étant limité, une grande proportion de sujets souffrant d’arthrose du genou ou de la hanche sera traitée avec une procédure chirurgicale de remplacement articulaire. L’arthroplastie totale de la hanche (ATH) et du genou (ATG) sont les techniques chirurgicales orthopédiques les plus souvent pratiquées au Canada. Malgré leur taux de succès élevé et leur cout bénéfice très favorable, 10 à 20% des sujets traités par ATH ou ATG présentent un résultat décevant. Puisque ces traitements sont très fréquents, une optimisation des soins est souhaitable et aurait un impact significatif sur la santé de la population. Les problématiques actuellement rencontrées au Canada dans ce domaine sont: 1-la difficulté d’identification des facteurs de succès et des facteurs de risque d’échec ou de complications lors de la sélection des candidats pour une procédure de remplacement articulaire (ATH et ATG); 2-L’occurrence de complications péri-opératoires liées à la procédure chirurgicale pouvant être évitées (contrôle de la douleur, complication médicales et orthopédiques); 3-L’implantation de prothèses ne reproduisant pas la biomécanique articulaire et n’offrant pas une fonction articulaire naturelle; 4-L’utilisation des techniques chirurgicales ne reproduisant pas l’anatomie ou manquant de précision; 5-L’introduction d’implants n’offrant pas une durée de vie suffisante (risque élevé avec les nouvelles technologies puisqu’au Canada, aucune introduction par phase n’est exigée pour les “implants”).
Expliquez-nous, S.V.P., en quoi consiste ce projet de recherche: Mon programme de recherche vise l’optimisation de la prise en charge et du traitement des sujets atteints de dégénérescence articulaire du genou et de la hanche. Mon plan de recherche veut solutionner les problématiques actuelles, en faisant avancer les connaissances scientifiques et ainsi améliorer les soins à la clientèle souffrant de dégénérescence articulaire de la hanche et du genou. Dans cette optique, voici les principaux sujets de recherche sur lesquels je travaillerai au cours de la période 2017-2021:
1- Identification des déterminants liés au succès de l’ATG et l’ATH
2- Évaluation de la biomécanique du genou sain, pathologique et reconstruit et applications cliniques
3- Évaluation des couts/bénéfices d’un programme de chirurgie d’un jour pour l’ATG et l’ATH.
4- Relargage ionique des implants orthopédiques (Cr, Co et Ti) et corrosion des jonctions modulaires
5- Évaluation clinique et radiologique d’implants orthopédiques et évaluation de la migration (RSA).
6- Optimisation de la technique chirurgicale de l’ATG avec la préservation de l’anatomie articulaire.
Quels sont les méthode de recherche utilisées : Face à toute hypothèse de recherche clinique, je favorise une approche scientifique rigoureuse. La majorité de mes protocoles de recherche clinique sont de type prospectif et randomisé. Afin d’optimiser l’évaluation clinique, je préconise l’utilisation de méthodes scientifiques très précises: mesure des ions sanguins avec HR-ICPMS, laboratoire de marche avec caméras Vicon, analyseur biomécanique Knee-KG, et tout dernièrement, mon équipe de recherche a fait l’acquisition d’un appareil de radiostéréophotométrie dynamique (RSA), unique au Canada, pour l’évaluation de la stabilité des implants orthopédiques.
Qui sont les membres de votre équipe : Je compte sur l’aide de 5 assistants de recherche, 2 fellows, 3 étudiants à la maitrise, 1 au PhD et plusieurs chercheurs associés. En 2011, s’est joint à mon équipe un chercheur en kinésiologie (UdM) : François Desmeules PhD (boursier FRQS).
Faites-vous de transfert des connaissances : Depuis 10 ans, j’ai accueilli 14 chirurgiens orthopédistes étrangers (fellows / post doctorat). En 2016, j’ai créé le Programme d’Étude Supérieures (DES) en reconstruction de la hanche et du genou à l’UdM. Je participe activement à la formation de collègues orthopédistes québécois, canadiens et américains à certaines techniques chirurgicales novatrices (>75 chirurgiens). J’ai supervisé 11 étudiants à la maitrise, co dirigé 4 au doctorat et 17 stagiaires en recherche. Quatre de mes étudiants ont été boursiers FRQS dans le cadre du programme MD-MSc ou MD-PhD. Mes travaux de recherche ont été présentés dans plusieurs congrès nationaux et internationaux (>280 présentations) et j’ai été invité lors de congrès scientifiques comme conférencier à 160 reprises. J’ai réalisé plus de 80 publications scientifiques dans des revues avec comité de pairs dont 20 comme 1er auteur et 37 comme auteur sénior. En 13 ans, j’ai réussi, avec l’aide de mes collaborateurs, à gagner une reconnaissance nationale et internationale en recherche clinique sur le remplacement articulaire.
Mon programme de recherche est un élément clef de l’introduction par étape des nouvelles technologies proposée par Enrik Malchau. Procédure bien établie pour l’introduction des médicaments, mais déficiente pour les implants. Je réalise uniquement des projets originaux et indépendants de l’industrie, leur financement se fait principalement grâce à des dons patients ou de l’industrie (sans restriction). Notre équipe fut récompensée en 2009, par le prix le plus prestigieux du domaine orthopédique, le John Charnley Award de l’American Hip Society. De la Canadian Orthopedic Foundation, nous avons obtenu : en 2003, le prix Alexandra-Kirkley, en 2010, le Founders’ Medal et en 2016, le prix le plus prestigieux au pays dans mon domaine : “ The Edouard Samson Award” pour l’ensemble de mon programme de recherche. Mon équipe fait un travail unique au Canada. Par l’originalité de mes projets, je compte poursuivre mon rôle de leader Canadiens dans le domaine.