La rentrée départementale avait lieu tout récemment le 11 octobre dernier. Les directeurs de division nous ont présenté leurs nouveaux membres. Chacun d’entre eux nous a décrit son cheminement académique ainsi que ses sphères d’intérêt clinique et académique. Cette deuxième édition du souper de la rentrée fut couronnée d’un franc succès.
Il demeure intéressant de percevoir un fil conducteur au Département, bien que nos activités et nos spécialités segmentent nos intérêts. On retrouve un point commun à toutes les divisions : l’Innovation. Une grande majorité des jeunes professeurs utilisaient en effet, une expression commune dans toutes leurs présentations : « chirurgie minimalement invasive ».
Un article récent publié dans le journal Lancet du 1 octobre 2016, par deux chercheurs canadiens, relate l’historique de son développement. Le terme chirurgie minimalement fut inventé par un urologue anglais ; le Dr John Wickam. L’objectif initial de ce dernier était de supporter des techniques qui diminuent les risques et les conséquences physiologiques chez nos patients.
Il écrivait en 1987 : « Les chirurgiens acclament les grandes incisions, dénigrent les incisions en trou de serrure ; et les patients réclament les incisions les plus petites possible. Nous sommes convaincus que les patients ont raison ».
Les auteurs nous illustrent le caractère multidisciplinaire de cette approche : l’orthopédie avec les tiges de Harrington et l’ostéosynthèse, la chirurgie générale avec la chirurgie de la vésicule biliaire, et la chirurgie mammaire oncologique, etc.
On retrouve deux éléments intéressants dans ce texte : la réticence initiale du milieu académique au développement de ces approches et la pression populaire des patients, qui justifie la diffusion de ces nouvelles méthodes.
Un rappel historique nous révèle qu’au 18e siècle les patients nantis pouvaient discuter de l’orientation de leur traitement avec leur médecin. Au 19e siècle avec la croissance de la médecine hospitalière, les chirurgiens détenaient un monopole de l’expertise fondée sur la science. Toutefois, même au 19e et 20e siècle les chirurgiens ne pouvaient ignorer l’influence des patients et de leurs familles. Certains chirurgiens furent lourdement critiqués d’effectuer des interventions qui ne satisfaisaient pas les standards académiques de l’époque.
Le développement de la chirurgie minimalement invasive fut poussé par la demande des patients. Les essais prospectifs randomisés furent très rares et souvent les patients abandonnaient une étude s’ils étaient sélectionnés dans le bras conventionnel.
Les patients ont modifié l’évolution de la chirurgie en termes de mécanismes du marché, mais aussi en critiquant le pouvoir médical particulièrement en Occident.
Le Dr Wickam, modifia au fil du temps, son approche de la chirurgie minimalement invasive, en incorporant aussi une autre variable : « les besoins du patient ».
Cette dernière modifie grandement la relation médecin- malade.
Ainsi, en suivant cette idée, les bons chirurgiens établissent un partenariat avec leurs patients en proposant des traitements fondés sur la meilleure évidence scientifique en respectant les souhaits de ces derniers, à l’opposé d’imposer une vue monolithique au patient qui n’est qu’un receveur passif.
Je profite donc de cette occasion pour solliciter votre participation à publier vos vidéos de procédures innovatrices sur le nouveau canal YouTube du département. Envoyez vos productions à Maria Florea (maria.florea@umontreal.ca) et nous les publierons avec fierté.
Bonne lecture.
Michel Pellerin